La question du rapport entre Christ et la culture, ou plus précisément de la posture que doit adopter les Chrétiens dans l’engagement civique et politique a toujours été sujet de discussion. Et pour cause, toutes les théories proposées de la posture chrétienne dans la vie séculière peuvent avoir un soubassement, si pas un précédant biblique. Il faut aussi reconnaitre qu’il existe une difficulté plus ou moins inhérente au fait qu’une bonne partie de ce que la bible a à dire sur l’engagement citoyen a été formulé dans un contexte d’un état théocratique : Israël était une nation-église si vous voulez. A cela s’ajouter le fait que dans le Nouveau testament il n’existe pas de directives aussi précise et détails sur le rôle de chrétiens dans l’engagement civique. Après tout, la Bible n’est pas un manuel d’éducation civique et politique. Ceci ne veut pas dire que la bible est totalement silencieuse sur la question pour autant, ni même que l’ancien testament n’a rien à dire d’utile à nous qui vivons dans les états démocratiques contemporains. La Bible a suffisamment des choses à dire sur la question. Cependant, nous devons reconnaitre qu’a cause de la complexité de la réalité du monde dans lequel nous vivons, et la richesse et le caractère nuancée de la Bible, des chrétiens pourtant sincères, seront en désaccords les uns avec les autres sur comment appliquer certains récits bibliques dans certaines situations. Nous devons donc être gracieux les uns envers les autres, ouvert d’esprit pour pouvoir apprendre les uns des autres alors que nous cherchons à être fidèle aux écritures tout en cherchant à contribuer à l’essor de notre pays du mieux que nous pouvons avec un cœur pur.
Dans cette réflexion je vais présenter, quoi que brièvement, différentes postures qui ont été proposées, si pas adoptées par des chrétiens au travers les âges.
- 1. Jérusalem se confond à Rome : le Christ de la culture
La première posture consiste à assimiler et assez souvent limiter Christ à la culture. Ceux qui tiennent cette position affirment que le royaume de Dieu que Christ est venu inaugurer est un royaume de paix et de justice. Par conséquent, être membre du royaume de Dieu consiste à rechercher la justice sociale, promouvoir la paix et la réconciliation, éradiquer la pauvreté et la malaria ; et rependre l’amour autours de soi. Beaucoup des ONG chrétiennes, et d’autres groupes d’activistes qui défendent le droit civique auraient pour paradigme fonctionnel cette position. Ils cherchent par leur engagement civique et politique, et par leurs actions à faire de ce monde un meilleur endroit.
Cette posture minimise assez souvent la réalité du pèche et tant à entretenir un espoir utopique. Pour ceux qui défendent cette position, le problème du monde c’est l’injustice telle que visible dans les inégalités sociales, la discriminations, l’exploitation des pauvres par les riches et la destruction de l’environnement.
- 2. Jérusalem résiste Rome : Christ contre la culture.
Cette posture est méfiante ou peut être même subtilement hostile à la culture. Elle consiste en une vision pessimiste si pas cynique du monde. Pour les partisans de cette posture, il n’y a rien de bon dans la culture, qui se trouve hors la portée de la rédemption. Cette posture a été à la base du développement des monastères et couvant au début du développement du Christianisme. Les vrais chrétiens, qui soutiennent les partisans de cette position, sont ceux qui se séparent et se désengagent de la vie polluée du monde. Il faut s’en séparer pour devenir saint et pure. La seule profession qui vaille la peine d’être poursuit est celui qui consiste à lire la Bible, faire la méditation et la prière, cad devenir prêtre ou pasteur. Dans sa forme extrême, tout ce qui est du monde est mauvais cad le sexe, l’argent, le plaisir et le loisir. Cette position est encore tenue dans notre pays par les églises traditionnellement conservatrices, les sectes et beaucoup des chambres de prières.
- 3. Jérusalem en dualité avec Rome : Christ et la culture en paradoxe.
Cette posture affirme que Dieu a une double souveraineté. Il gouverne d’une main l’église et de l’autre le monde. De ce fait, d’un côté, l’homme naturel peut, par sa raison « autonome » apprendre à connaitre le monde qui l’entoure. Dieu donne d’un côté, une grâce commune par laquelle, l’homme développe la science, l’agriculture et l’industrie et de l’autre une grâce spéciale pour le salut. De ce point de vu, Il existe une discontinuité entre qui vous êtes comme citoyen d’un pays et ce que vous êtes comme chrétien. Ce que vous faites dans les murs de l’église le dimanche n’a pas des rapports avec ce que vous allez faire Lundi au marché, a l’école ou au bureau. Cette position a des variantes. Des gens comme John Frame (professeur de Philosophie et théologique systématique à la retraite) et H. R. Niebuhr préfèrent par exemple considérer la posture défendue par Thomas d’Acquis et celle défendu par les théologiens Luthériens comme deux postures différentes. De ce fait, ils auront dans leur classification cinq postures. Je préfère considérer ces deux postures comme des variantes d’une même position a cause de leurs similarité apparente et leurs implications.
- 4. Jérusalem transformateur de Rome : Christ qui transforme la culture.
La dernière position affirme que quand Christ vient dans une culture, il la transforme. Cependant, cette transformation n’est pas seulement extérieure et superficielle. Elle commence à l’intérieur, par un cœur régénéré. Cette posture résiste toute dualité qui affirme que les chrétiens devraient vivre une double vie : une mondaine vécue pour eux même, et une autre culturelle vécue pour la gloire de Dieu.
La quatrième position me semble plus Bibliquement consistent. Nous sommes appelés à tout faire pour la gloire de Dieu, même nos activités les plus mondaines comme manger et boire (1 Cor. 10 :31).
Cependant, le transformationisme ne devrait pas être confondus au triomphalisme. Quand Christ vient dans une culture, il va certes, transformer cette culture mais jusqu’à quel point ? au point d’en faire le ciel sur terre ? nous devons être prudent et surtout réaliste. Bien que nous poussions significativement impacter une société par notre présence et influence, nous ne la rendrons jamais parfaite. Christ lui-même n’avait-il pas affirmé qu’il y aura toujours des pauvres au milieu de nous ?
Le transformalisme cherche de ce fait à tout faire pour honorer et glorifier Dieu. Mais qu’est ce que cela veut dire en pratique ? comment un cordonnier, ou un slameur ou cette dame qui vent le sambaza (small fish) le matin, pourront-ils, par leurs activités honorer Dieu ? qu’est ce que vendre le sambaza (small fish) à avoir avec la gloire de Dieu ? vendre le sambaza (small fish) a tout à voir avec la gloire de Dieu. Cependant, bien qu’il n’existe pas des façons spécifiquement chrétiennes de vendre le sambaza (small fish), la différence entre une vendeuse chrétienne et non chrétienne doit être évidente.
Consolateur Jean