L’évangile de prospérité, ce message qui consiste à dire que Dieu veut que vous soyez riche et en bonne santé, que si vous êtes malade ou sans ressources financières c’est que vous n’êtes pas assez chrétien ou que vous n’avez pas assez de foi, est tout simplement incorrect. Ce n’est pas seulement une attaque contre l’évangile de Christ, c’est profondément illusoire. Dans ce monde se croire exempte des maladies, des crises et de la souffrance est d’une naïveté dangereuse. Mais à l’autre extrême se trouve un autre évangile, couvert des subtilités, mais tout aussi faux. Celui qui a élevé en vertu la misère et la souffrance. Bâtit, lui aussi sur des distorsions des écritures, il confond la pauvreté à la piété.
Certains tient à cet évangile à cause de ce qu’ils perçoivent être le retour imminent de Jésus. Ce monde n’importe plus, d’ailleurs, de toutes les manières toutes ces choses disparaitrons bientôt, à quoi bon s’en préoccuper ? D’autres y adhérent pour des raisons qui ne sont pas liées au retour de Jésus. Pour eux, c’est plutôt à cause du fait que le monde matériel est fondamentalement mauvais. Ils tiennent une vision dualiste de la nature humaine : la chaire est essentiellement mauvaise alors que l’âme est bonne. Il faut donc s’abstenir de tout ce qui est charnelle. Dans ce paradigme, le profit est mauvais et tout ce beau et esthétiquement attrayant est mondain et donc à s’y abstenir absolument.
Si l’évangile de prospérité tend à négliger la réalité de la chute en prétendant que le péché n’a pas profondément affecté notre être et le monde autour de nous, l’évangile de pauvreté tend à mettre un accent, un peu plus excessivement qu’il ne le faut, sur la réalité de la chuté, ignorant au passage la beauté et la bonté de la création de Dieu. Il s’en suit de ces deux visions du monde que, ceux qui défendent l’évangile de prospérité tendent à vivre dans l’ici et le maintenant, à la poursuite sans réserve de l’argent et tout ce que le matériel peut procurer de confortable. Ils encouragent la philosophie de « votre meilleure vie maintenant », donnant l’impression comme si au ciel non seulement il n’y a rien à espérer mais qu’il n’y aura jamais rien de mieux que ce qu’on peut s’offrir sur terre. Et cette quête du bien-être matériel ici et maintenant a, nous devons le reconnaitre, laisser sur son passage les dégâts dont nous n’avons même pas encore commencer à mesurer l’étendue de leur ampleur. Les gens prêts à tout et à n’importe quoi pour l’argent ont fini par se rendre esclave d’un maître qui ne connait ni la grâce ni le pardon.
D’autres part, les partisans de l’évangile de pauvreté, ne voyant rien de bon dans ce monde vivent en attendant. Ils ont hâte d’arriver au ciel. Certain, convaincu que le monde pollue la pureté spirituelle, se sont complètement détaché du monde, pour vivre dans leur communauté à part. Ces piétistes sont un extrême. Mais la majorité vivent avec nous, pessimiste et suspicieux de tout ce que le monde peut offrir d’agréable et de confortable : internet est diabolique, les réseaux sociaux démoniques et l’argent la racine de tous les maux. Les ONG sont les instruments de la marque de la bête, etc. la seule voie chrétiennement acceptable est le chemin de la misère. Les pauvres et les misérables sont pris pour les vertueux. Après tout, Jésus n’a-t-il pas dit dans sa parole que c’est par beaucoup des souffrances qu’il faudra entrer dans le royaume de cieux ? (Actes 14 :22) et que quiconque veut vivre pieusement doit souffrir ? (2Tim 3 :12). Ironiquement, il serait heureux de s’associé à un pauvre même s’il n’est pas régénéré que d’un riche même s’il est racheté.
L’évangile de grâce s’inscrit dans un cadre qui reconnait et affirme simultanément que le monde est bon mais brisé. Bien plus, bien que la chute ait affectée les conditions de notre existence, elle n’a pas pour autant rendu nulle le mandat créationnel. Par conséquent, nous devons garder à l’esprit que nous vivons dans un monde à la fois magnifique et de maudit, ou dans l’expression du prof de math d’oxford John Lennox, un monde de beauté et de bombes. Parce que le mandat créationnel tient toujours, Dieu s’attends à ce que nous soyons féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre (Genèse 1 :28). Cela veut dire qu’il demeure de notre responsabilité, par l’utilisation des ressources que Dieu a mis à notre disposition, de faire de ce monde un meilleur endroit. Laisser la terre ou toutes autres ressources telle qu’elles sont, sans la réarranger et la transformer pour la gloire de Dieu et le bien de ceux qui sont créé à l’image de Dieu n’en est pas moins un acte de défiance contre l’autorité de Dieu et une résignation de notre position de vice-régent. Mais à même temps, nous reconnaissons que loin de travailler dans un jardin paradisiaque, nous sommes désormais, à cause de la chute, appelé à opérer dans un monde sous la malédiction. Par conséquent, nous devons nous attendre à la pénibilité du travail, l’improductivité du travail et la frustration et souffrance que cela engendre. Bien que nous devions nous engager dans le monde par un travail honorable, nous reconnaissons que nous ne ferons pas du ciel sur terre quoi qu’il soit possible que nous puissions améliorer substantiellement nos conditions de vie et celle de nos semblables.
Noter aussi que le mandat décrit le travail pas les résultats qui siègent entre les mains souveraines de Dieu. En elles-mêmes, ni la richesse ni la pauvreté ne sont ni bonne ni mauvaise, elles sont les dons de Dieu, selon la richesse de sa grâce. Notre est la responsabilité de travailler dans la fidélité, attendant de Dieu notre pain quotidien et la bénédiction du travail de nos mains. À nous de travailler, à lui de bénir.
L’évangile de Jésus Christ se remet de ce fait à Dieu, ne promouvant ni la richesse ni la pauvreté mais le contentement et la fidélité dans l’appel de la vocation que Dieu a fait sur chacun de ses rachetés. Il affirme que si nous sommes riches, nous le sommes pour Dieu et si nous sommes pauvres nous sommes au Seigneur. Dans la richesse comme dans la pauvreté nous sommes à Dieu. Nous savons ce que c’est d’avoir tout autant que nous savons de ne rien avoir. Nous savons vivre dans l'humiliation, nous savons vivre dans l'abondance. En tout et partout nous avons appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l'abondance et à être dans la disette. Nous pouvons tout càd, nous pouvons être dans l’abondance et dans l’humiliation, dans la richesse et dans la pauvreté par celui qui nous fortifie (celui qui nous en rend capable) (Philippiens 4 :12-13).
Ecrit par JEAN SWEDI