Je vais tenter de définir l’évangile par opposition à deux grandes distorsions avec lesquels on le confond assez souvent.
Mais avant de les mentionner, il importe de rappeler que l’évangile est défini comme une bonne nouvelle. Noter, quoi qu’en passant, que c’est une nouvelle et non pas un conseil. Si l’évangile est une bonne nouvelle, cela veut dire que bien qu’elle nous concerne, nous n’en sommes ni l’auteur ni l’acteur principal. Ceci devient plus évident au contact du contenu de cette nouvelle. Mark par Example, l’auteur de l’évangile portant le même nom parle de son livre comme la bonne nouvelle de Jésus christ (Mark 1 :1). Pour Mark, l’acteur c’est Jésus. Dans le récit de l’évangile, nous sommes plutôt passifs et bénéficiaires. C’est une nouvelle de ce que Jésus a fait pour nous afin que nous puissions être réconcilié à Dieu. Jésus est mort à la croix, pour payer la dette de nos péchés et par sa mort nous sommes rachetés, réconcilier, justifier et complètement en paix avec Dieu.
Pourtant, l’évangile, cette Nouvelle, est confondu à des conseils. Deux (mauvais) conseils en particulier. Le premier mauvais conseil peut être désigné comme le Nomisme. Certaines personnes parlent du légalisme ou le Pharisianisme ou encore le moralisme. Ce Conseil consiste à dire essentiellement que vous pouvez être réconcilier avec Dieu si et seulement si fournissez un peu plus d’efforts soit dans votre moralité ou votre vie de prière ou vos bonnes actions. Dans ce conseil, Jésus est réduit, au mieux à quelqu’un qui ne fait que vous venir en aide (soit en vous offrant un nouveau départ, ou alors en vous aidant à devenir plus moral), au pire, il n’est pas du tout nécessaire. L’expression importante dont il ne faut jamais perdre de vu ici c’est, « un peu plus », parce que la question à laquelle le nomiste n’essaie jamais de répondre c’est, est ce qu’assez d’efforts seront-ils assez ? il ne peut pas répondre à cette question parce qu’il n’est jamais certain.
L’autre mauvais conseil peut être désigné comme l’antinomianisme. Noter que l’antinomianisme est l’opposé du Nomisme. Il consiste à dire essentiellement que si vous avez un problème, c’est seulement que vous ne vous aimez pas assez. Dieu vous aime tellement tel que vous êtes, il l’a prouvé en envoyant Jésus Christ. Si le Nomisme vous conseil d’être bon, l’antinomianisme vous conseil d’être vous-même. L’évangile n’est ni l’un ni l’autre. L’évangile vous dit que vous êtes mauvais et complétement incapable (quel que soit vos intentions, vos efforts ou votre discipline) à vous réconcilier à Dieu et pourtant, vous êtes aimés non pas peu importe ce que vous êtes mais bien en dépit de ce que vous êtes. Bien plus, Dieu vous aime et vous sauve en Jésus christ pour vous rendre aimable.
Cette différence touche le cœur même de notre vision du monde et de la vie. Dans notre société, le gens sont mis dans deux groupes opposés : d’un côté, le nomiste est assez souvent désigné comme sage. Il est généralement obéissant, calme et assidu aux études. L’image qu’il a de lui-même lui vient de la fierté qu’il tire de sa réputation. Chaque parent voudrait que son enfant lui ressemble. À mesure qu’il réussit, il devient encore plus fier de ses accomplissements. Ceux qui ne font pas aussi bien sont soit bête ; ou alors ils ne sont pas sérieux avec la vie. Pourtant, derrière cette fierté apparente se cache une insécurité et un complexe toxique qui ne deviennent visible que quand le choses ne vont pas comme prévues. D’abord, il se justifie, ensuite, il accuse tout le monde et enfin il se déteste. Il ne peut pas se résoudre à l’idée de ne pas être à la hauteur. Il se met facilement en colère s’il fait face aux obstacles ou si les gens ne se comportent pas comme il veut, il devient jaloux si les autres, en particulier ceux qu’il pense sont inférieur à lui, font mieux que lui ou alors il tombe dans une culpabilité irrémédiable s’il commet une faute.
D’autres part, vous trouverez l’antinomiste à peine à la maison. Il abhorre l’autorité et préfère être avec ses amis. Il s’en fiche complètement de ce que la société pense de lui. Il a un gout, peut-être un peu prononcé, à tout qui résiste, si pas complétement rejeter le conformisme. Il veut être libre, pouvoir faire ses choix, ce qui assez souvent inclut l’immoralité. Si le nomiste est fier de sa réputation, l’antinomiste est fier de son authenticité, le fait qu’il soit lui-même et qu’il n’y a personne qui lui dit ce qu’il faut faire.
Cependant, en dépit de cette opposition superficielle, le nomiste et l’antinomiste sont fondamentalement similaire. Très similaire qu’ils seraient surpris de le réaliser. Au fond, ils ne comptent tous qu’à l’effo perso. Chacun veut être le maitre de son destin et le capitaine de son âme à sa manière : l’un en essayant de marcher dans la voie acceptable l’autre en dessinant sa propre voie. Et pourtant ces postures sont toutes dangereuse, ne conduisant qu’au désespoir et la mélancholie. Le nomiste et l’antinomiste sont tous perdu : le dernier à cause de son immoralité alors que le premier à cause de sa moralité. Et pourtant, si pour un instant l’absurde me serait permis, je ne puis m’empêcher de percevoir que de deux, le nomiste, celui qui est bon et moral est encore dans la condition la plus tragique de tous. Parce qu’il devient perdu, non pas malgré sa moralité mais bien à cause d’elle. Ce qui est censé être bon est devenu pour lui une pierre d’achoppement précisément paracerque ça l’empêche de voir son besoin de Jésus christ. Bien qu’il soit un fervent priant, la seule prière qu’il ne puit faire c’est celle de se tourner vers christ dans le désespoir et crier, seigneur ait pitié de moi, pécheur (Luc 18 :13). Il ne puit faire cette prière parce qu’il ne croit pas qu’il en soit un.
Mais l’évangile vient magnifiquement proposer une troisième voie, qui bien qu’il se définisse par opposition à ces deux précédentes, n’est pas pour autant leur synthèse, une espèce de solution intermédiaire. C’est quelque chose que Dieu seul fait. En réalité, c’est un don de Dieu pour que ni le nomiste ni l’antinomiste ne puisse de glorifier de l’avoir accompli par des effo perso (Ephésiens 2 :6-8). Contre les deux position, l’évangile affirme simultanément que vous ne pouvez pas vous sauver vous-même. Vous être plus faible, plus mauvais que ce que vous paraissez et donc, plus que vous ne soyez prêt à admettre et pourtant aimé d’un amour sans condition.
Ce dont on parle ici est reflété magnifiquement dans l’histoire d’Esaü et Jacob. Tous deux avaient besoin d’être aimé et d’être bénit bien que chacun cherchait cet amour et cette bénédiction de sa manière, Esaü comme le Nomiste et Jacob comme l’antinomiste. Mais contrairement à Isaac, Dieu est un père qui nous aime et nous bénit sans condition. Il n’exige pas que nous puissions apporter le gibier pour pouvoir accéder à ses bénédictions, au contraire c’est lui qui pourvoit l’agneau et prépare la table. Et ce n’est pas parce qu’il a bénit l’un qu’il ne peut plus bénir l’autre. Il possède dans sa présence une réserve de bénédiction sans fin (Psaume 16 :11).
Par
JEAN SWEDI