le coin du theologien

L’Afrique a besoin d’un réveil spirituel sur fond d’une reformation « post tenebras spero lucem

L’état de l’Église Africaine contemporaine est comparable à celle de l’Église en général pendant la période dite de la reformation au 16ème siècle. Face à la faiblesse observée de l’Église contemporaine Africaine à influencer positivement l’éthique et la pensée des africains, plusieurs analystes sont pessimistes quant à l’avenir du Christianisme sur le continent ainsi que son influence dans les domaines socio-économico-politique de la vie, et cela je crois à juste titre. Le paradoxe Africain n’en finit pas d’étonner plus d’un, mais il sied de noter qu’il n’est pas nouveau dans l’histoire de l’Église. C’était le cas aussi au 16eme siècle : beaucoup d’églises, mais très peu de lumière dans la vie quotidienne des peuples. La situation est très déplorable quant aux excès qui s’observent au nom de Dieu. Et pire, il semble que tout le monde s’acclimate à cet état des faits, les quelques critiques ne sont que théorique et en privée sans grandes expressions extérieures en mouvement réformateur de l’Église.  Cependant, il y a lieu de ne pas désespérer totalement. Je pense que pour aider l’Église aujourd’hui en Afrique et en RDC, il faut revenir aux principes qui ont revivifié l’Église en ces temps-là.

 

« Post tenebras spero lucem » (Job 17 :12). Cette expression a été adoptée comme devise par les réformateurs calviniste, puis comme devise de l'ensemble de la Réforme protestante. L’Église en ce temps-là était dans une période de ténèbres assombrissant et indicibles par manque de la clarté que donne la parole de Dieu. Et le monde tout autour était plein des ténèbres aussi comme l’indique l’histoire de cette période. Je crois qu’il est important à l’Église Africaine de revenir à cette devise. Seule la lumière de l’Évangile tel que présentée par la parole est capable de dissiper les ténèbres qui règnent encore sur le continent Africain malgré sa « christianisation » récente. Cette devise ne se limitait pas uniquement aux réalités ecclésiastiques ou religieuses. Elle capturait une réalité qui allait influencer plusieurs sphères de la vie. Cette devise, a influencé des mouvements de la reforme partout dans le monde à Genève, et sur le monument huguenot, à Franschhoek, en Afrique du Sud.

 

Cette devise en soi est un signe d’optimisme et d’espoir. Elle rappelle aux uns et aux autres que la lumière (de la parole de Dieu) finit toujours par avoir le dessus sur les ténèbres (du péché) qui souvent parviennent à s’incruster même au milieu de l’Église avec des ramifications sociétales. Mais comme du temps de Jean Calvin, le retour à une exposition biblique est ce qui changea les mœurs et la vie à Genève, créant la fondation de sa grandeur qui dure jusqu’à ce jour, même si cette dernière a abandonné la foi qui l’a sauvé des ténèbres. Je pense que ceux qui au sein de l’Église aiment l’Afrique, devrait militer pour un retour aux principes bibliques au travers un régime d’enseignement biblique régulier et théologiquement solide, comme Calvin le fit à Genève en son temps, en d’autres termes travailler pour une reformation de l’Église en Afrique. En son temps, Dieu accordera une effusion de son esprit pour conduire à un réveil sur fond d’une reformation qui aura influence tous les secteurs de la vie quotidienne. L’Afrique a besoin d’un réveil spirituel sur fond d’une reformation alors des ténèbres jaillira la lumière. Il nous faut donc être des étudiants et apprendre beaucoup de Calvin et autres grands réformateurs dans l’histoire de l’Église. Encore une fois, le passe sauvera l’avenir !

 

Rev Kyalangalilwa M Nicolas

Le Coin du Théologien

A quoi ressemble la face du Christianisme africain ?

Récemment un ami m’a dit lors d’une conversation que la face du Christianisme en Afrique est le pentecôtisme.

 

Il n’existe plus de doute qu’il y a plus des personnes qui se réclament de la foi chrétienne (toutes les tendances confondues) présentement sur le continent Africain qu’il y en a eu de toute l’histoire. Mais A quoi ressemble ce christianisme ?


Le dimanche de la pentecôte, le 19 mai 2024, en RDC un grand concert chrétien s’est tenu au stade des martyrs à Kinshasa. « Concert chrétien » ? les débats ragent dans tous les sens. Je n’y reviendrai pas. Je ne sais pas ce que cela veut dire pour l’Église en général en RDC mais je suis de ceux qui pensent qu’une grande étape a été franchie officiellement ce dimanche 19 mai 2024.

 

L’évènement en soi nous a appris une ou deux choses sur la face du Christianisme en Afrique. Je pense aussi que ce phénomène n’est pas nouveau mais il vient d’être officialisé et constituera je l’espère un sujet de débats publiques. Depuis un temps les « chrétiens » africains ont évolué dans une conception unique de l’Église comme lieu de culte ou du moins dans leur compréhension de ce qui doit constituer un culte « Chrétien » biblique. Le mouvement pentecôtiste a contribué beaucoup à ce virement. L’assemblée chrétienne ou ekklesia s’est muée en un lieu d’expression plutôt qu’un lieu d’impression. Les gens ne vont plus à l’Église, lieu d’impression, pour être façonné à l’image de Christ (même s’ils le chantent haut et fort) au travers la parole, la communion chrétienne par la puissance de l’Esprit Saint. Plutôt l’Église est devenue un lieu d’expression, où on va se trémousser et se déstresser. Le lieu par excellence pour « s’exprimer » au travers la danse, les prières cacophoniques, les défilés vestimentaires, et qu’en sais-je ?


L’église est devenue non plus un lieu de culte mais aussi et surtout un lieu de divertissement. Ce qui est vrai est que ce modèle n’est pas nouveau. Ce modèle existe en Amérique, au Nigeria et dans d’autres pays à majorité chrétienne. Il existe tout un monde d’affaires autour de l’Église. Les pauvres pasteurs sont sous la pression. Que faire ? Rester différents et périr ? S’adapter et survivre ? Donnons-leur ce qu’ils demandent, disent-ils, après tout c’est ce qui est contemporain et à la mode. Personne ne veut savoir ce que Dieu lui-même dit de comment le culte devrait se dérouler. Et voilà où nous en sommes. Voilà le visage du Christianisme en Afrique. Je me demande en quoi il est vraiment diffèrent de ces milliers des païens réunis dans une des capitales occidentales pour aussi s’exprimer de leur manière en réclamant l’affirmation du mouvement transgenre, parexemple ? Tous se réunissent pour s’exprimer. Leurs rencontres sont des lieux d’expression et non de formation. Ils ne sont pas là pour apprendre à vivre selon les lois de Dieu. Ils sont là pour exprimer ce qui leur tient au cœur. Comme si la Bible ne nous avait pas déjà averti sur la nature du cœur de l’homme (jérémie 17 :9)


Et pourtant Jésus l’aura dit ”on ne peut pas server deux maîtres : Dieu ou mammon” (Matthieu 6 :24). A un moment il faudra choisir. Je crois que ce dimanche 19 mai 2024, jour de la pentecôte l’Église du Congo a fait son choix. Il faudra maintenant l’assumer. Et vous avez-vous fait le vôtre ?


Rev Kyalangalilwa M Nicolas